Depuis longtemps, les éditeurs de journaux perçoivent Google comme un ennemi, un mal nécessaire qui cannibalise leur contenu et, au passage, vole leurs revenus publicitaires. Et pourtant, bon nombre de quotidiens doivent à Google une fière chandelle, car, jour après jour, le moteur de recherche redirige des millions d’internautes vers leurs pages.
Dans un geste de bonne volonté envers les journaux ou simplement pour trouver une nouvelle façon de générer des revenus avec le même contenu, Google propose maintenant une nouvelle approche pour accéder à l’information produite par les médias traditionnels, le Fast Flip.
Bien que le concept d’agrégation de contenu ne soit pas nouveau (le magazine Time propose déjà un lecteur Time et Amazon propose également aux utilisateurs de son ardoise électronique Kindle une sélection de lecture), l’arrivée de Google dans le secteur a de quoi faire tourner des têtes.
Avec son nouveau service, offert en version bêta, Google propose un service d’information immersif pour ordinateur et téléphone cellulaire intelligent équipé d’un grand écran. Une fois relié au site fastflip.googlelabs.com, l’internaute accède directement et rapidement au contenu d’une trentaine d’éditeurs allant du New York Times, en passant par la BBC, le Washington Post, Cosmopolitan, Esquire et même un magazine Internet comme TechCrunch, Slate ou Salon.
En plus de jouer sur la rapidité d’accès au contenu, ce qui manque de plus en plus dans les grands sites d’information, qui sont de plus en plus lourds, le service Fast Flip de Google joue la carte naturelle du «tournage de page». C’est-à-dire que le service propose la page entière de l’article sur l’écran et le lecteur n’a qu’à utiliser son doigt pour «zoomer» sur le texte ou tourner la page, comme avec l’édition papier d’un magazine ou d’un journal.
Google fait le pari que cette façon plus rapide et plus naturelle d’accéder à l’information pourrait aller chercher de nouveaux adeptes et, mieux encore, aller chercher de nouveaux annonceurs et donc, générer de nouveaux revenus. Pour les éditeurs qui sont partenaires de Google, c’est aussi l’occasion de finalement toucher un pourcentage sur des revenus publicitaires engendrés par la visite des internautes chez Google, le géant de la recherche ayant accepté de partager une partie des revenus avec cette formule.
Reste à voir maintenant si les internautes seront aux rendez-vous et achèteront cette nouvelle façon de consulter l’information en ligne ou sur le téléphone cellulaire. Je dis acheter, car Google cherche du même coup à importer la notion de micropaiement dans le paysage de la consultation en ligne.
Si Rupert Murdoch peut convaincre les internautes de payer pour continuer à consulter ses quotidiens en ligne, Google semble tenté à moyen terme de faire payer quelques sous aux internautes pour consulter le contenu de quotidiens sur son site. De nouveaux revenus qui seraient partagés avec les éditeurs qui proposent le contenu.
Est-ce que cela suffira à sortir les quotidiens du bourbier? Sûrement pas, mais c’est une piste intéressante à exploiter dans un paysage qui demande de plus en plus d’innovation et d’écoute pour mieux comprendre les besoins des citoyens et des consommateurs, et aller leur offrir le contenu là où ils sont.
Et dans cette approche de l’immersion dans l’information, Google n’est pas seul à tenter le coup en revoyant la présentation de l’information aux internautes. La semaine dernière, Microsoft inaugurait de son côté la recherche visuelle avec son moteur de recherche Bing. Une nouvelle approche pour répondre aux requêtes des internautes en leur offrant de petites images plutôt que les traditionnels liens.
Mais, encore une fois, c’est à l’usage que les internautes feront connaître leur appréciation ou non de ces nouvelles approches dans la présentation de l’information en ligne.