C’est en déposant ma valise à la maison aujourd’hui que je mesure tout le chemin parcouru depuis une semaine. Un tour du monde auquel je participais depuis Shenyang en Chine dans le cadre du 5e Sommet de l’Internet et du multimédia (SMIM). Un événement organisé par la Fédération internationale des associations multimédias et le gouvernement municipal de Shenyang, sous les auspices du gouvernement chinois et des Nations unies.
Un tour du monde virtuel organisé par le président de la FIAM, Hervé Fischer, qui voulait assurer aux participants, majoritairement chinois, un survol de la planète en matière de projets gouvernementaux et commerciaux ainsi que sur l’utilisation d’Internet et du multimédia, notamment dans le contexte du jeu vidéo, de la mobilité et de la production numérique dans son ensemble.
Trois jours de présentation pour illustrer le dynamisme dans ces domaines, malgré une crise économique qui a touché tous les continents. On y a parlé de coopération, notamment avec la présence des organisations du Commonwealth et de la Francophonie. Cette dernière s’illustrant particulièrement avec un plaidoyer pour un investissement mondial dans le logiciel libre. Les participants de la rencontre ont bien vu les efforts numériques des deux organisations linguistiques, mais également leur manque de concertation. Une situation qui pourrait changer à la vue des discussions entreprises entre les représentants des organisations à Shenyang.
De nombreuses agences onusiennes avaient également fait le déplacement pour venir présenter leurs interventions directes sur le terrain en matière d’informatisation des ONG et des populations desservies par celles-ci à travers la planète. Des initiatives politiques, mais également des programmes concrets pour s’assurer que les populations puissent bénéficier des possibilités du numérique tant sur le plan économique, social qu’éducationnel et éviter une trop grande fracture numérique.
Le SMIM 2009 aura aussi été marqué par le thème de l’innovation dans les industries du multimédia et du design créatif avec de nombreuses présentations qui illustrent bien la volonté des Chinois de passer du célèbre «made in China» au «created in China». Et en ce sens, les présentations des Québécois Denys Tremblay, de l’Université du Québec à Chicoutimi et du Centre NAD, ainsi que celle de Luc Couchesne, de la SAT, illustraient un savoir-faire et une volonté de collaboration entre ces institutions québécoises et la nouvelle industrie chinoise du numérique.
D’ailleurs, la tenue de ce sommet à Shenyang n’avait rien d’une coïncidence. La ville de 7 millions d’habitants, 30 millions avec sa banlieue, cherche à développer un nouveau secteur d’expertise. Quatrième ville de Chine, reconnue jusqu’à maintenant comme grande zone industrielle et manufacturière de la Chine, cette ville du nord-est veut embarquer de plain-pied dans l’ère numérique et prend les grands moyens pour ce faire, en créant un vaste parc industriel numérique pour y accueillir de nouvelles entreprises chinoises de création, mais également y accueillir des partenaires internationaux.
Dans ce contexte, la présentation du patron chinois de la Caisse de dépôt et placement du Québec était tout indiquée alors que Patrice Dallaire, l’ancien délégué général du Québec à Beijing, confirmait aux représentants chinois l’intérêt du Québec d’investir plus d’un milliard de dollars en Chine, particulièrement dans le domaine de l’immobilier. Une façon de poursuivre la présence québécoise en Chine commencée sous l’administration de Lucien Bouchard et Bernard Landry.
Pour ma part, j’y étais invité pour faire un portrait du développement de la téléphonie cellulaire sur le continent nord-américain dans le contexte de l’émergence de la nouvelle génération mobile. Cette génération de jeunes utilisateurs qui sont entrés à l’école presque cellulaire en main et qui aujourd’hui ne pourraient plus se passer de cet appareil qui assure un lien avec leurs amis et leurs parents.
Après la présentation très remarquée du professeur torontois Derrick de Kerckhove, l’héritier de Marshall McLuhan, sur l’interbranchement entre l’intelligence et la pratique dans le contexte numérique, le passage de l’artiste sénégalais Oumar Sall, du Groupe 30 Afrique, fut probablement le moment le plus fort. L’organisation du Sommet avait décidé de ramener les pieds sur terre des participants après trois jours de réflexion en invitant cet artiste qui n’avait qu’un souhait, trouver de l’aide pour utiliser les ordinateurs, cellulaires et baladeurs numériques pour partager un message de paix sur le continent africain.
Selon lui, il reste une fenêtre de cinq à dix ans pour mettre en place des actions concrètes avant de voir l’exaspération gagner une bonne partie de la population comme dans certaines parties du monde arabe. Tout le développement technologique ne servirait à rien si le continent devait encore vivre des guerres et des révoltes comme par le passé, un passé encore pas si lointain.