Vous avez probablement déjà eu la sensation d’être suivi sur Internet. Comme bien d’autres, vous avez fait une recherche concernant un produit ou un service, et pendant quelques jours, vous avez eu droit à de la publicité sur le même sujet un peu partout sur les sites que vous visitiez. C’est particulièrement le cas lorsqu’on cherche pour un hôtel, un billet d’avion ou même une voiture.
Le phénomène n’a rien du hasard et est plutôt l’illustration d’un vendeur qui sait utiliser au maximum le recoupement de données pour arriver à trouver et suivre un client potentiel. La démarche est simple, une fois qu’il sait qu’un produit ou service vous intéresse, parce que vous avez visité son site web ou un lieu connexe, c’est à son tour de vous suivre dans vos navigations en vous offrant des publicités sur des sites web participants pour vous rappeler votre intérêt envers son produit ou service.
Eh oui, le marketing infonuagique c’est ça. Avec une expérience de communication hyper personnaliser à force de mieux vous connaître. Dans certains cas, on vous présentera une publicité ou on vous enverra un courriel avec des hyperliens qui mèneront à une page web dynamique spécialement réaménagée selon vos intérêts. Parce que l’annonceur, la compagnie qui tente de vous séduire, a colligé assez d’information sur vous pour vous connaître. Dans certains cas, elle connaît vos intérêts, les couleurs auxquelles vous êtes le plus sensible et même le ton qui vous convient le mieux.
Et tous vos gestes servent à colliger cette information. Vos visites sur les sites web, les choses que vous cherchez, les courriels publicitaires que vous ouvrez, les liens sur lesquels vous cliquez, les pages d’où vous quittez un site web, les applications de téléphone intelligent que vous utilisez et je n’oublie pas les sujets que vous « aimez » sur Facebook. Pour ne nommer que ces habitudes-là.
Évidemment, pour amasser toute cette information, et surtout la traiter, il faut des outils informatiques particuliers. Aujourd’hui, les IBM, Adobe et SalesForce de ce monde mènent le bal du nouveau marketing relationnel. Tous les grands sites de vente en ligne, ainsi que ceux de dizaines d’autres secteurs s’appuient de nos jours sur ce type de trousse d’outils de marketing. Et les éditeurs de ces logiciels sont de plus en plus actifs pour faire reconnaître les bénéfices de mieux connaître les intérêts des internautes qui visitent les sites web commerciaux.
J’imagine déjà l’agacement de certains consommateurs face à un tel comportement de la part des publicitaires et des entreprises qui cherchent à nous vendre leurs produits. Pensez seulement à la situation où une compagnie d’assurances utiliserait les mêmes outils pour d’autres fins. Par exemple, suivre les recherches de leurs clients… Ah bon, celui-ci s’intéresse beaucoup au cancer et l’autre sur les faux accidents de travail. Quelle conclusion pourrait-il en tirer ?
Imaginez maintenant que le gouvernement commence à faire un lien entre votre comportement en ligne et l’information qu’il détient à votre sujet depuis votre naissance… Si on prend le cas du gouvernement canadien, c’est plus de 1 700 sites web, autant de portes pour vous attraper à la volée, vous taguez comme une petite bête sauvage et observer votre comportement et vos intérêts en ligne.
Pour le commun des mortels, ça ne changera pas grand-chose, mais je plains le prestataire d’assurance-chômage qui regarde de trop près les forfaits tout inclus offerts dans le Sud. Lui recevra sûrement un petit courriel de la part d’un fonctionnaire pour un entretien en personne au bureau du gouvernement…
Si le scénario vous semble tirer tout droit d’un film de science-fiction, détrompez-vous… Cette semaine, un éditeur de logiciel affirmait avoir vendu un tel système de marketing relationnel au gouvernement canadien. Évidemment, pour un déploiement aussi titanesque sur l’ensemble des propriétés web on y mettra sûrement plus de 18 mois minimum, mais du coup, le gouvernement aura alors les outils nécessaires pour suivre de plus près les intérêts des Canadiens en ligne. Reste à voir maintenant ce qu’il en fera…