Tunisie, Égypte : la révolution 2.0

Un manifestant embrasse un policier de l'anti-émeute au Caire le 28 janvier 2011. (REUTERS/Amr Abdallah Dalsh)

Une « journée de la colère » pour l’Égypte et une journée branchée sur Internet pour le reste de la planète. Branché pour avoir des nouvelles du Caire, de Port Said, d’Alexandrie, de Suez et d’ailleurs au pays des Pharaons. Et une fois de plus, un bel exemple de ce que peut offrir Internet à une nouvelle génération de citoyen du monde.

Topo après topo, que ce soit des images d’Égypte, de Tunisie ou l’an dernier d’Iran, je suis toujours fasciné de voir une génération en marche. Cette génération qu’on décrivait il y a quelques dizaines d’années comme une jeunesse sans espoir. Aujourd’hui, ces mêmes gens ont vieilli et sont dans la rue à demander leur place dans la société, leur juste part de la société.

Mais de leur « jeunesse » à aujourd’hui, cette génération-là, comme celle qui a vieilli ici, a été happée par le monde de l’électronique et des télécommunications. Ce qui n’existait pas pour la génération précédente. Une technologie qui a accéléré les communications, qui a facilité la circulation des opinions, des réflexions, plus vite que jamais auparavant et surtout, hors des frontières.

Cette génération de jeunes devenus plus vieux, est la génération la plus informée de ces pays et utilise aujourd’hui des outils de communications pour faire circuler les idées. Ben Ali avait d’ailleurs bien compris la chose en Tunisie en censurant YouTube et en épiant ses « amis » Facebook…

Aujourd’hui en Égypte, on a vu un gouvernement couper Internet en espérant que la grogne allait se calmer, que les yeux de la diaspora se tourneraient, regarderaient ailleurs, que les étrangers allaient passer leurs chemins… Et bien non. On a plutôt mis de l’huile sur le feu.

Avec une génération de citoyen du monde qui utilise maintenant Internet au quotidien pour communiquer, pour s’informer, pour comprendre leur planète, on vient de voir qu’on ne peut plus couper ce cordon de communication. Si à l’époque de la Place Tiananmen on pouvait foutre tous les journalistes dehors et ne plus en entendre parler hors des frontières du pays, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Hier, où il y avait 5, 10 ou 50 journalistes pour couvrir un soulèvement populaire, il y a maintenant 1000, 10 000 ou 100 000 citoyens témoins des événements caméra ou cellulaire à la main pour enregistrer ses moments et les faire voyager à travers la planète. Le « contrôle » de l’information n’est plus possible.

Les images qui nous parvenaient aujourd’hui par la télé, par les cellulaires, par le biais de vieux modems 56k branchés sur des vieilles lignes analogues illustraient bien cette soif de poursuivre la communication à tout prix.

En vendant à toute une génération des téléphones cellulaires « cool » et des appareils connectés à Internet, les entreprises de télécommunication souvent reliée, sinon contrôlée, par ces états totalitaires ne savaient sûrement pas qu’ils ouvraient la porte au cheval de Troie…

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