L’industrie de la pornographie menacée par le piratage

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Sept ans après les grands studios d’Hollywood, c’est maintenant au tour de l’industrie du cinéma pour adultes de se lancer dans une campagne de sensibilisation auprès de sa clientèle pour contrer le piratage. À l’époque, l’industrie du cinéma avait orchestré une grande opération dans les salles de cinéma pour attirer l’attention des cinéphiles sur la situation. Aujourd’hui, l’industrie de la pornographie fait circuler une vidéo sur Internet, là d’où vient le problème.

Tour à tour, vedettes du cinéma pour adultes, réalisateurs, producteurs, membres de la production viennent évoquer l’impact du piratage de leur création. Mais la réplique la plus percutante de la vidéo (www.bit.ly/filmadulte) revient à la l’actrice Kaylani Lei qui déclare: «Si vous gagniez votre vie en vendant quelque chose, vous ne voudriez sûrement pas que quelqu’un vous le vole, juste parce qu’il le peut.»

Cette phrase résume à elle seule toute la problématique que vit l’industrie cinématographique pour adultes depuis quelques années. Des sites gratuits foisonnent sur le Web avec leur contenu, sans aucune redevance pour les producteurs, et ce, sous leurs yeux. Voyant bien que l’opinion publique n’est pas de leur côté, le groupe de lobbys de l’industrie, Free Speech Coalition, a décidé de s’adresser directement aux consommateurs de ce matériel en ligne pour leur rappeler poliment que s’ils n’achètent plus leur production, un jour pas si lointain, il n’y en aura plus.

Le phénomène est si important que des producteurs de films pour adultes et des sites qui vendent ces productions ont décidé d’y distribuer des extraits très explicites de plusieurs minutes sur ces mêmes sites gratuits qui piratent leur production. Un geste désespéré pour ramener la clientèle sur leurs sites payants.

Exemple de portail porno

Ces sites gratuits de distribution d’extraits de films pornographiques sont devenus l’équivalent du portail YouTube pour qui cherche du contenu pour adultes. Couples hétérosexuels, homosexuels, transsexuels, jeunes collégiennes en chaleur, couguars, cuirette et compagnie, tout est là en provenance des productions d’aujourd’hui, comme des studios des années 70.

Côté popularité et trafic, ces sites font rougir les sites traditionnels. Au palmarès des sites les plus utilisés, le site Pornhub décroche le 53e rang. En comparaison, Youtube détient la 3e place et CNN.com loge à la 59e position. Un drame pour les producteurs de films pour adultes alors que le studio le plus visité, le site de la maison de production Vivid, se retrouve au 19 543e rang.

C’est d’ailleurs le studio Vivid qui avait tenté en 2008 de poursuivre en cour un de ces sites de distribution illégaux les plus en vue pour obtenir une injonction et leur fermeture. Les mois ont passé et, finalement, Vivid a laissé tomber l’affaire; le portail vidéo XXX est toujours en ligne et plus populaire que jamais, grâce à la notoriété acquise lors de cette poursuite.

Selon l’industrie du film pour adultes, depuis l’apparition de ces sites à la YouTube, qui offrent des milliers d’heures extraites de leurs productions piratées, les ventes de DVD ont plongé d’un tiers. Donc en réaction, l’industrie du divertissement pour adultes lance cette première offensive en ligne pour tenter d’éveiller la conscience des utilisateurs des portails XXX. Ensuite suivra le tatouage d’«extraits hameçons» qui seront distribués çà et là sur ces portails pour prendre les utilisateurs sur le fait.

Parallèlement aux problèmes engendrés par l’existence de ces portails de distribution illégaux, les grands studios de la pornographie aux États-Unis, comme en Europe, ont également à vivre avec l’apparition grandissante de plus petits producteurs de contenu qui pullulent sur Internet. Avec eux, on est loin de la grande équipe de tournage dans une maison louée sur les falaises de Hollywood. On parle plutôt de producteurs amateurs, qui travaillent à créer du matériel à faible coût, souvent à partir de chez eux, et qu’ils distribuent directement sur Internet, pour répondre aux désirs des internautes.

Cette nouvelle réalité, cette facilité de produire et de distribuer directement à son public est devenue tellement lucrative que les vedettes elles-mêmes décident de lancer leurs sites et de nourrir elles-mêmes les fantasmes de leurs fans, sans l’intervention d’un producteur. Est-ce là l’avenir de l’industrie de la pornographie? Peut-être pas, mais l’industrie du divertissement pour adultes est en grande mutation et se cherche un nouveau modèle économique.

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