Pour les amateurs de cinéma, en particulier ceux qui apprécient l’expérience des films d’action ou des films d’animation à gros budget, le 13 novembre prochain marquera un tournant important dans la façon d’aller au cinéma. Je ne parle pas de la sortie du film 2012 de Sony, mais plutôt de l’arrivée en banlieue de Montréal de la toute première salle de cinéma québécoise à offrir l’expérience de l’immersion totale proposée par la technologie D-Box.
Nouvelle illustration du proverbe disant que nul n’est prophète en son pays, il aura fallu que l’entreprise Technologies D-Box de Longueuil, concepteur et fabricant de systèmes de génération de mouvement, passe par les États-Unis pour enfin être reconnue chez elle. Déjà lauréate de nombreuses distinctions, la technologie D-Box, qui sera proposée dès la semaine prochaine dans l’une des salles du Cinéma Beloeil, vient ajouter à l’expérience du cinéphile là où la magie du son et de l’image s’arrête, le mouvement.
À deux reprises, j’ai eu la chance de prendre place dans l’un de ces fauteuils qui équipent maintenant une bonne dizaine de salles de cinéma en Californie, au Nevada et au Texas et, chaque fois, l’immersion cinématographique prenait un tout nouveau sens. Imaginez la scène tirée du film L’Ère de glace, alors que vous êtes au beau milieu d’une mer de glace qui s’ouvre sous vos pieds, et que vous sentez tout votre corps vibrer à l’instant même.
Plus surprenant encore, une scène tirée d’une énième version de Die Hard avec Bruce Willis: vous vous retrouvez au centre d’une chasse à l’homme entre un camion-citerne et un chasseur supersonique alors que la structure de l’autoroute s’écroule peu à peu sous votre camion. Et pendant toute la scène, vous avez l’impression d’avoir tour à tour le popotin dans l’avion du chasseur ou les fesses posées dans la cabine du camion.
Mais la démonstration la plus saisissante de l’impact de l’immersion pour le spectateur m’est apparue lors d’une présentation au CES de Las Vegas alors que l’équipe de D-Box tentait d’évoquer aux spectateurs le souvenir de la fameuse Ford Mustang G.T.390 de Steve McQueen dans le film Bullitt.
La première tentative se fait les yeux fermés, seulement avec le son d’excellente qualité. Les tympans vibrent, mais sans plus. Et puis, on reprend la scène du démarrage du bolide, toujours les yeux fermés, mais avec l’effet de simulation de mouvement de D-Box et bang, le fauteuil se met à vibrer au rythme du moteur et nous voilà transportés à bord de la voiture de Steve McQueen. Il fallait voir le sourire apparaître aux visages des spectateurs.
Mais pour en arriver là, l’équipe de Longueuil, son p.-d.g. Claude Mc Master en tête, a dû convaincre les grands studios d’Hollywood un par un. Aujourd’hui, les Disney, Twentieth Century Fox, Universal, Lionsgate et Sony ne sortent plus un film d’action en format Blu-ray sans s’assurer d’y ajouter une piste avec la programmation des effets de mouvement D-Box, car cette technologie est également disponible pour les cinéphiles qui veulent investir quelques milliers de dollars dans le rehaussement de l’expérience de leur système de cinéma maison.
Pour ce qui est de la production de ces effets, de la création du mouvement, le secret est bien gardé chez D-Box. Mais on sait que chaque mouvement est scrupuleusement programmé par un programmateur qui étudie, scène par scène, les divers mouvements que le fauteuil devrait opérer pour permettre l’immersion la plus complète dans l’action que le spectateur voit à l’écran.
Pour en revenir au vendredi 13 novembre à Beloeil, cette première salle québécoise équipée de la technologie D-Box, seconde au Canada après le Cineplex Odeon Queensway de Toronto, proposera 26 fauteuils dotés de la simulation du mouvement pour la sortie du film catastrophe 2012 de Sony. Reste à voir maintenant comment le commerce arrivera à gérer l’intérêt des cinéphiles pour cette expérience hors du commun. Avec un peu de chance, on verra probablement apparaître un système de réservation distinct pour s’assurer une place.
Mais le cinéma, sur grand et petit écran, n’est pas une fin en soi pour Technologies D-Box puisque l’entreprise a déjà fait sa niche dans le jeu vidéo pour ordinateur avec quelques titres qui proposent aux joueurs la simulation de mouvement pour leur fauteuil. Reste maintenant les consoles de jeu de salon et, chez D-Box, on ne nie pas avoir eu des contacts avec les géants Sony et Microsoft.
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