Il y a de ces livres qui nous arrivent juste au bon moment. Comme si l’auteur et l’éditeur sentaient l’air du temps et mettaient sur le marché un livre pour permettre aux lecteurs de mieux saisir un nouvel environnement, de nouveaux enjeux. Un outil qui permet aux lecteurs intéressés de voir la big picture d’un domaine en particulier. Et c’est justement le cas avec le plus récent ouvrage du professeur Luc Dupont de l’Université d’Ottawa, Comment faire de la pub efficace sur Internet.
Dans un contexte où ce type d’ouvrage rédigé en français est malheureusement trop rare dans nos librairies, il est rafraîchissant de pouvoir enfin obtenir ce tour d’horizon simple et précis. Les Américains en sortent deux ou trois nouveaux par mois, mais chez nous, personne n’avait pris le temps de faire le point sur le paysage médiatique de cette façon, d’une part, et ensuite, de décortiquer les possibilités publicitaires rendues disponibles par Internet en cette période du Web collaboratif.
Luc Dupont a donc le mérite de venir éclairer nos lanternes et de le faire avec beaucoup de méthode. D’une part, l’auteur prend le temps de remettre en contexte le rôle et l’utilisation d’Internet aujourd’hui au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde. Dupont a l’intelligence de prendre le temps de remettre en contexte Internet avec les autres médias traditionnels qui meublent notre quotidien depuis longtemps et puis de faire le point sur l’impact d’Internet au regard de ces médias traditionnels.
Il le fait avec toute la précision qu’on lui connaît dans ces analyses de situations lors de ses interventions médiatiques, mais y ajoute en plus un très grand nombre de données, sources à l’appui, qui amènent le lecteur à aller plus loin, s’il le désire. Le livre regorge tellement de sources que l’on souhaiterait en avoir une version Web pour cliquer et approfondir immédiatement certains chapitres. Hormis cette frustration du lecteur qui veut aller plus loin, parce qu’il est passionné par le sujet, le livre vit très bien par lui-même et devrait se retrouver dans la trousse du parfait décideur et consultant.
Après avoir fait le tour du paysage médiatique, Luc Dupont s’attaque au vif du sujet publicitaire, se que doit-on utiliser et dans quel but. Dans ce monde branché où de nouvelles plateformes publicitaires apparaissent encore tous les mois, l’auteur passe à travers une vingtaine d’options qui sont offertes aux acheteurs potentiels en analysant chaque approche en fonction d’un objectif souhaité. Évidemment, selon ses besoins, on y trouve différentes réponses.
Dans cette quête de connaissance ou d’approfondissement de la connaissance publicitaire Web, Dupont amène le lecteur à réfléchir sur les messages à concevoir. Autant dans la forme que dans le contenu. Il en résulte une lecture qui bénéficiera autant aux gens d’affaires qui veulent utiliser le Web pour y annoncer qu’aux producteurs de contenu qui peuvent y trouver des pistes intéressantes à développer dans le contexte d’une approche plus dynamique.
Dans une société où la génération Internet des 35 ans et moins est peut-être à dix ans de prendre le contrôle des médias ou, du moins, d’en influencer fortement le contenu pour en faire une pierre angulaire qui définira le reste de la consommation médiatique, il est temps pour les annonceurs, les entreprises et les décideurs de penser à prendre un virage et d’intégrer de façon sérieuse une réflexion «nouvelles technologies» dans le cadre de leur planification à court et moyen terme. Et l’ouvrage de Luc Dupont sert justement à donner au lecteur les outils nécessaires pour faire un choix éclairé.
Comment faire de la pub efficace sur Internet, publié aux Éditions Transcontinental, 32,95 $.
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L’autre ouvrage dont je souligne la sortie se veut beaucoup plus polémiste. Le livre intitulé Le Culte de l’amateur une traduction de l’auteur Andrew Keen, cherche à démontrer comment les adeptes du Web 2.0, ceux qui génèrent du contenu original sur Internet, sont un risque pour notre culture. L’auteur avait déjà fait beaucoup de bruit dans une édition du magazine Weekly Standard en 2006 alors qu’il comparait le Web participatif Web 2.0 au marxisme. Selon lui, à force de promouvoir le contenu narcissique, on met en péril l’existence même de nos médias traditionnels et de notre connaissance patrimoniale.
Il en profite également pour démontrer comment les internautes dépouillent la culture en piratant des millions de fichiers de chansons et de films sans laisser de sou aux créateurs qui sont à la base de ces oeuvres. Et comment, dans la culture Internet, certains remettent même en question la notion du droit d’auteur et de la propriété en prônant l’utilisation libre de toutes les oeuvres pour le bénéfice de la collectivité.
n Le Culte de l’amateur, Comment Internet tue notre culture», aux Éditions de l’Homme , 22,95 $.