Les nouvelles technologies au service de la Francophonie

En juin dernier, l’Organisation internationale de la Francophonie conviait trois cents experts et enseignants à Tunis pour réfléchir à l’utilisation des nouvelles technologies dans le contexte de l’éducation et du partage des connaissances entre pays francophones. Une rencontre riche en découvertes qui permettait notamment de découvrir les avancées de certains pays du Maghreb en matière d’éducation en ligne et, surtout, une volonté de mettre en commun le savoir de la Francophonie.

Mais cette réflexion, bien que très importante, en ramène une autre tout aussi primordiale, celle de l’importance des nouvelles technologies pour le développement, la promotion et même l’avenir de la francophonie sur notre planète. Dans un contexte où l’organisme veut rendre la Francophonie plus populaire, donner plus de visibilité à ses actions et aux ressources francophones disponibles dans le monde, Internet devient un outil incontournable pour les nouvelles initiatives francophones.

À ce sujet, l’administrateur de l’OIF, Clément Duhaime, disait récemment que la Francophonie devait être populaire, et que cette francophonie de terrain passait par Internet pour atteindre notamment les jeunes francophones, qui dans le Nord comme dans le Sud, sont les francophones les plus branchés. Et comme il le laissait entendre également, Internet pourrait aussi pallier le manque de visibilité que l’organisme obtient dans les pays du Nord. Car comme le relatait le Directeur de l’Institut de la Francophonie numérique de l’Organisation internationale de la Francophonie, Pietro Sicuro, si chaque projet de la francophonie est largement couvert dans la presse francophone du Sud, il n’en est rien dans celle du Nord. Du moins, pas autant qu’il l’espérait.

C’est pourquoi, dans les mois et les années à venir, les initiatives francophones devraient s’accroître sur le Web. Ici, on parle d’un portail pour le Réseau francophone des bibliothèques nationales numériques, par là-bas, on parlera d’un carrefour de l’éducation pour répertorier la formation en français disponible en ligne et puis, pourquoi pas un Facebook de la francophonie.

Pourtant, si on semble s’intéresser au numérique de façon plus importante ces jours-ci, il ne faut pas oublier que la genèse de l’utilisation des technologies par l’Organisation internationale de la francophonie aura été la création de TV5.

Depuis, l’organisme a su prendre le virage Internet et travaille sur de nombreux fronts pour assurer les intérêts des francophones. Par exemple, peu de gens savent que l’OIF est intervenu dans le projet OLPC de Nicholas Negroponte. L’organisme francophone tenait à s’assurer dès le départ que les pays émergents francophones auraient droit à ces petits ordinateurs pour enfants et que cet outil servirait à communiquer en français plutôt qu’à les assimiler à la langue anglaise. C’est ainsi qu’on peut voir la livraison des tout premiers ordinateurs du projet OLPC en Haïti comme une victoire pour l’OIF.

Mais l’initiative de Negroponte n’est qu’une initiative récente. Dès 1997, l’Organisation internationale de la Francophonie commençait déjà à faire la promotion du logiciel libre pour venir en aide aux États et aux citoyens en quête de nouveaux outils d’apprentissage, de communication et d’administration. L’OIF aura été le premier organisme international d’envergure à donner son appui au logiciel libre. À l’époque, le secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf, déclarait en parlant de la Francophonie par rapport au logiciel libre et à Internet: «Il est légitime qu’elle veuille aujourd’hui aller plus loin dans la réflexion et l’action dans un domaine qui touche à un droit fondamental de l’homme et qui est un accélérateur de progrès sur la voie de la démocratie, du développement et de la paix.»

C’est ce qui nous amène aujourd’hui à parler de la francophonie numérique. En entrevue, Pietro Securo, le Directeur de l’Institut de la Francophonie numérique, explique comment maintenant il est possible de vivre la francophonie à travers divers dispositifs numériques. Il explique cette notion de francophonie numérique comme étant «Une autre façon de vivre, mais surtout, une façon de vivre égale aux autres. Lorsqu’on a accès aux dispositifs, on est au même niveau que les Américains, les Chinois». Il ajoute: «On peut utiliser toutes les potentialités des outils numériques pour, à la fois travailler ensemble et également partager nos sensibilités. Et c’est ça l’objectif de la francophonie, c’est plusieurs États qui ont décidé de travailler ensemble, mais chacun en fonction de leur propre singularité. Et le numérique est un outil formidable parce qu’il permet par sa dynamique de réseau de faire des choses ensemble.»

À la question, est-ce que l’on est en train de créer une Francophonie 2.0 avec l’utilisation du numérique, Pietro Securo répond: «Depuis environ deux ans, on parle d’une francophonie nouvelle et, par le numérique, on touche les jeunes et on réintéresse des gens qui n’avaient pas l’habitude de s’intéresser à la Francophonie». Une démarche importante lorsque l’on sait que 50 % des États membres de la Francophonie ont une population majoritairement jeune. Et il termine en disant: «On n’est plus alors dans une dynamique de coopération Nord-Sud, mais on est plutôt dans une vraie coopération multipolaire francophone où, quel que soit son pays d’appartenance, les compétences sont toutes égales.»

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