Vendredi dernier, sans tambour ni trompette, les entreprises de télécommunications canadiennes Bell et Telus ont annoncé, par voie de communiqué, un changement de stratégie qui viendra bouleverser le paysage de l’industrie cellulaire au pays d’ici quelques mois. Les deux opérateurs annoncent que, d’ici la fin de l’an prochain, ils offriront, en parallèle au réseau existant EVDO, un tout nouveau réseau de communication cellulaire utilisant la technologie HSPA, soit celle utilisée par Rogers et Fido depuis 2006.
En clair, ça signifie que, d’ici la fin de 2009, un consommateur pourra acheter l’appareil cellulaire de son choix et ensuite choisir l’opérateur cellulaire qui propose le forfait le mieux adapté à ses besoins. Jusqu’à maintenant, le choix du fournisseur de service cellulaire était régi par le type de téléphone cellulaire que le consommateur voulait se procurer. Le meilleur exemple demeure la sortie du iPhone au Canada en juillet dernier, alors que ceux qui désiraient se procurer un iPhone devaient absolument s’abonner au service de Rogers et Fido. Désormais, lorsque Bell et Telus offriront leur réseau HSPA, l’utilisateur d’un téléphone de troisième génération pourra choisir entre Bell, Telus, Rogers, Fido, pour ne nommer que ceux-là.
Les deux entreprises de télécommunications tiennent à rassurer leur clientèle actuelle et confirment que ce nouveau réseau de la famille GSM sera mis en place parallèlement au réseau actuel qui utilise la norme EVDO. Une fois le second réseau en place, Bell et Telus permettront à leurs clients de choisir entre les deux technologies. Mais, à long terme, on peut facilement prévoir que le réseau EVDO sera mis de côté, comme les opérateurs l’ont fait avec leur réseau cellulaire analogue, pour conserver uniquement le réseau HSPA.
À plus long terme, car on parle ici de la quatrième génération de téléphonie cellulaire, on peut imaginer que les quatre joueurs migreront vers le protocole LTE (Long Term Evolution), qui représente l’évolution de la téléphonie cellulaire et, surtout, un pont entre tous les protocoles cellulaires existants, que ce soit les réseaux GSM, CDMA ou HSPA.
Dans ce contexte de plus grande concurrence, il ne faut pas oublier l’arrivée du joueur Vidéotron sur l’échiquier du cellulaire au Québec et en Ontario. L’ex-vice-président aux communications de Quebecor, Luc Lavoie, laissait entendre récemment que le nouveau service cellulaire de Vidéotron serait disponible à compter de l’automne 2009. Dans le cas de Vidéotron, on peut présumer qu’il ira également avec la norme HSPA, à moins qu’il ne passe directement à la norme de quatrième génération pour faire un pied de nez aux joueurs déjà présents sur la patinoire.
Le choix stratégique de Bell et Telus peut s’expliquer de différentes façons. Mais il est certain que le choix grandissant d’appareils toujours plus perfectionnés offerts aux utilisateurs des réseaux GSM a quelque chose à voir avec cette décision. On ne se fait pas passer un iPhone sous le nez deux fois.
Et puis, il faut savoir que si le choix d’appareils de type GSM est plus grand, c’est parce que cette technologie est utilisée dans 86 % de toutes les communications cellulaires dans le monde et qu’on retrouve des opérateurs GSM dans 218 pays et territoires dans le monde. En comparaison, la norme EVDO proposée actuellement par Bell et Telus est seulement supportée par la moitié des pays à travers le monde. Une situation qui oblige Bell et Telus à offrir à leurs abonnés des téléphones dits «internationaux» compatibles avec le réseau EVDO au pays et le réseau GSM à l’extérieur du pays.
Selon certains experts dans le domaine, cette transition vers la norme HSPA devrait coûter à Bell et Telus plus d’un milliard de dollars pour monter un nouveau réseau parallèlement à celui qui est en place aujourd’hui.